Il y a plusieurs années, une attention particulière a été donnée au secteur des plantes médicinales et aromatiques en Egypte pour s'affirmer sur le plan international. Plusieurs importants investissements y ont été dirigés pour améliorer les variétés et la qualité de ce secteur, diminuer les rejets des produits, augmenter la productivité et développer les technologies de production et d'industrialisation. Un blogueur en fait sur Instagram tout un reportage intéressant.
Dr Ahmed Saleh se présente comme un herboriste de Sainte-Catherine (Sud-Sinaï). Il aime bien son travail car il se vante de pouvoir aider les gens à se sentir bien moyennant des produits naturels, extraits soit des légumes, des fruits ou des plantes médicinales.
De très bonne humeur et jouissant de cette aura de positivisme qui le pousse à exercer son métier avec amour, Ahmed Saleh, explique dans la vidéo ou le reportage filmé par Drew Binsky - ce youtubeur qui fait le tour des villes égyptiennes et en présente des reportages sur des histoires peut-être peu connues par d'aucuns - Ahmed Saleh donc vend dans son officine tout ce qui est organique. Il vend des plantes médicinales et des préparations à partir de ces plantes et ingrédients naturels, que les gens peuvent utiliser comme médicaments.
Parfois il fabrique des produits sur demande ou commercialise ses préparations en tant qu'indépendant. Dr Ahmed Saleh a des connaissances approfondies concernant la pharmacologie organique, ainsi que dans les divers domaines des thérapies naturelles.
Dr Saleh a accueilli Drew Binsky et l'a invité à passer quelques jours dans sa demeure au sein de sa ferme à Sainte-Catherine. Binsky admire le travail de Saleh. "Tout ce que l'on vend ici est naturel ou organique venant tout droit de la terre", dit-il dans son reportage en soulignant que tout ce qu'il va nous présenter à propos du travail de Dr Ahmed Saleh est "inspirateur", selon ses propres termes.
Binsky est content que Dr Ahmed Saleh puisse parler en anglais. Ce dernier commence donc le reportage en expliquant que Sainte-Catherine renferme près de 472 espèces d'herbes, dont 19 espèces "que vous ne pourrez trouver nulle part ailleurs dans le monde, sauf à Sainte-Catherine", révèle-t-il. Dr Saleh déplore quand-même que 42 espèces de ces herbes sont exposées à un grand danger et peut-être à la destruction à cause des tours de safaris touristiques et aussi à cause du passage des chameaux, ou des chèvres et ânes de quelques bédouins dans ces régions, s'alarme-t-il.
Lorsque Drex Binsky pose la question à Dr Ahmed Saleh s'il était toujours pharmacien, Saleh répond que "non", puis raconte : "Lorsque j'avais 16 ans. J'ai rencontré une dame d'origine autrichienne. Elle était âgée et avait de larges connaissances autour des herbes et des plantes médicinales. "Je ne savais de ces herbes que leurs noms en langue arabe. La respectable dame m'invita chez elle en Autriche et j'y ai passé un beau temps pour apprendre tout à propos de ces plantes", raconte Dr Saleh, ajoutant : "J'ai donc appris les noms latins de ces herbes. Je suis resté trois ans en Autriche avant de me rendre en Grèce où j'ai travaillé pour 4 ans dans plusieurs régions, comme Athènes, Rhodes, etc..."
Binsky raconte toujours dans son reportage que Dr Ahmed Saleh à son retour de l'étranger, s'installa à Sainte-Catherine, sa ville d'origine et planta, dès lors, tous ces fruits, légumes, herbes, plantes et épices. Bref, il appliqua tout ce qu'il a appris. Tout là est organique, lâche Dr Saleh à Binsky, donc pas besoin de le laver, s'amuse-t-il en laissant Binsky le filmer, en dévorant un poivron sans l'avoir lavé. Binsky affirme que Dr Ahmed Saleh présente tout ce qui est organique et des préparations typiquement médicinales qu'il offre à la vente dans son officine qu'il a ouverte dans sa demeure. Une sorte de pharmacie, dit Binsky en soulignant que Dr Saleh affirme que les gens aiment vraiment ses produits, et qu'il est heureux de pouvoir les aider.
"Littéralement, quand je dis que Dr Ahmed Saleh a des centaines de produits là, il en a vraiment", souligne Binsky dans son reportage. "Tout ce que vous voyez là dans cette officine pousse naturellement chez nous", dit pour sa part Dr Ahmed Saleh.
"La terre peut vous guérir naturellement de n'importe quelle maladie", affirme avec fierté mais humblement Dr Saleh, puis montre dans le reportage filmé quelques exemples des herbes ou préparations qu'il vend. Donc des préparations naturelles pour booster le système immunitaire. "Les gens affluent nombreux pour acheter ce produit, notamment ces jours-ci, pour améliorer leur système immunitaire face au coronavirus", dit-il, sans pour autant prétendre avoir un traitement ou un médicament qui peut guérir du Covid-19, mais tout simplement des produits qui aident les gens à avoir un système immunitaire puissant qui peut lutter contre le nouveau virus, explique-t-il.
Dans le reportage, Dr Ahmed Saleh pointe du doigt le nom latin d'un de ces produits, en expliquant que ces derniers sont utilisés pour la toux, la circulation du sang par exemple, à base de gingembre, de ginseng et de cinamon... d'autres herbes sont aussi utilisées pour maigrir et avoir une silhouette svelte. Il a aussi des produits pour le diabète, les cheveux et la peau, d'autres pour les troubles de digestion, etc...
Sa clientèle vient de partout dans le monde, et aussi les habitants locaux et les Egyptiens qui visitent les lieux, révèle Dr Ahmed Saleh, qui n'oublie pas de s'évader de temps à autre, pour quelques jours, au Mont Sinaï pour retrouver sérénité et beauté imposante. "Chaque mois, je me rends également dans le désert, à dos de chameau, pour passer 5 jours par exemple, dans le calme où je médite et je me lave de l'intérieur", dit-il.
Dans un tour que Drex Binsky a fait dans les jardins surplombant et entourant la demeure et l'officine de Dr Ahmed Saleh, on découvre, un monde vert éblouissant. "Les amandes de Sainte-Catherine sont différentes", dit fièrement Dr Saleh. On y trouve tout : des pommes grenades, des olives, des figues, des raisins etc... "Les figues et les olives du Sinaï sont mentionnées dans le Coran", dit Dr Saleh.
La maison de Dr Saleh se situe dans un lieu historiquement signifiant, affirme Binsky dans son reportage, en prenant des photos des lieux importants de la péninsule sinaïtique, et qui s'éloignent quelques kilomètres du fameux Mont Sinaï où Moïse a reçu les 10 Commandements de Dieu. "Là, c'est l'islam, le christianisme et le judaïsme", dit-il.
Dr Saleh a créé son jardin depuis près de 15 ans, souligne-t-il avant de conclure par un message simple qu'il adresse au monde : "Jouissez de votre vie sans s'arrêter sur vos ennuis. Souriez toujours et répandez l'amour et cherchez à aider les gens. La vie, la paix et la tolérance... comme le Sinaï", conclut-il.
(source : reportage de Drew Binsky. Vous pouvez le suivre sur Instagram : https://instagram.com/drewbinsky)
Les plantes médicinales en Egypte pharaonique : du mythe à la médecine
Dans l'Égypte pharaonique, la médecine est intimement liée à la religion. Les malades s'adressaient aux prêtres qui pratiquaient pour eux un rituel sacré proche de l'exorcisme. Si des plantes étaient utilisées, leur pouvoir curatif éventuel était volontiers attribué aux contextes mythologiques dans lesquels elles jouaient un rôle actif. Néanmoins, ces usages pourraient avoir parfois apporté des résultats objectifs aux yeux de la médecine moderne.
Parler de « plantes médicinales » à propos de l'Égypte des pharaons nous emmène bien loin de l'acception moderne de ce terme familier de longue date des acteurs de la santé pour qui elles possèdent des vertus pharmacologiques objectivées par des évaluations cliniques, voire par la mise en évidence de principes actifs, et dont la description scientifique constitue une discipline reconnue, la pharmacognosie.
Le prêtre guérisseur
Si les habitants de la vallée du Nil eurent anciennement recours aux plantes, ─mais aussi aux produits d'origine animale ou minérale ─, à des fins thérapeutiques, leur usage ne pouvait pourtant refléter une telle approche, tant leur imprégnation religieuse était profonde jusque dans les choses les plus simples du quotidien. Dans cet ordre sacré où primait l'imaginaire, la vie sur terre n'était que l'écho d'un monde virtuel régi par des dieux dont les tribulations alimentaient une mythologie complexe. C'est bien celle-ci qui constituait la référence pour les prêtres considérés comme les guérisseurs de l'époque. Comment procédaient-ils dans l'exercice de leur art ?
Lors de leurs consultations, la première étape consistait à identifier le contexte mythique dont relevaient les symptômes observés, ce qui amenait à assimiler le patient examiné à un dieu lié à un événement intemporel ainsi actualisé. Dans un deuxième temps, le prêtre se faisait magicien en ordonnant à la maladie, souvent d'étiologie divine ou morbide, de quitter le corps concerné, ce qui évoque les pratiques d'exorcisme. Dans une troisième étape enfin, un rituel approprié était mis en place, perçu comme un remède administré au patient.
Pouvoir sacré des plantes
Cette description de la démarche thérapeutique égyptienne révèle que le concept de « plante médicinale » était en fait autant magico-religieux que magico-médical, ce qui ne postule aucun principe actif au sens où nous l'entendons aujourd'hui. En revanche, une plante pouvait recéler un pouvoir curatif provenant d'un dieu, en particulier lorsqu'elle poussait à proximité de lui, comme c'était le cas pour la plante nebeh récoltée sur la célèbre butte osirienne de Bousiris et dont le lexique botanique grec aurait conservé le souvenir sous le nom de « tombe d'Osiris », peut-être le muflier. À l'époque gréco-romaine, l'attribution à Osiris de la mandragore, voire du lierre dionysiaque, illustrait encore cette perception sacrée des plantes médicinales qui s'est d'ailleurs maintenue dans l'herbaire chrétien, telle la plante de saint Antoine, le grand épilobe jadis répandu en Égypte et utilisé par la suite comme astringent.
(source : article dans le magazine culturel sur le site de l'Université de Liège :
Pierre Koemoth, pharmacien-biologiste et égyptologue, enseigne la religion de l'Égypte ancienne à l'ULg. Il a notamment publié avec M.H. Marganne la bibliographie de la pharmacopée égyptienne et gréco-égyptienne (http://www.cedopal.ulg.ac.be)